Rêves en cours c’est une collaboration en pleine crise, c’est l’oiseau quelque part à Montréal qui chante avec coeur au mois de mars mais qu’on ne remarque plus rendu en septembre, c’est Éveline qui s'envole avec sa harpe et nous dépose autre part, c’est le gars un peu saoul qui gueule sur Ontario un soir de juillet, c’est les voitures qui passent sans cesse, partout, tout le temps, c’est la petite fille qui rit avec son papa de l’autre côté de la rue, c’est l’enregistrement d’une entrevue sur cassette oubliée au fond d’un tiroir pendant des années, c’est le son d’un plug-in vraiment nice fait par des geeks au UK, c'est la musique qui prend son temps et qui se dévoile toute seule, c’est les Beastie Boys qui jouent sur un radio bluetooth dans le parc un soir d’été, c’est le pop du micro parce que la h6 était dans le chemin, c'est avoir de la peine mais c'est correct, c'est d'avoir hâte au matin qui vient, c’est le char du gars qui blase du hip hop à fond en passant à deux cheveux de toi pendant que tu traverse la rue, c’est un bout de voix d’un balado sur lequel on a travaillé, c’est l’impression de ne plus savoir où on est, c’est une description presque poétique de la drum and bass, c’est l’envie d’un ailleurs parce que ça va bien aller, c’est des impros à la harpe, c’est un bout de film dont on ne nommera pas le nom qui passe d’une oreille à l’autre, la voix distordue d’une amie décédée, c’est le son des premières compositions faites avec mon coloc Olivier alors qu’on s’appelait Ohne, c’est le chant de la cigale dont on ne se souvient même pas de l’existence rendu en janvier, c’est le paysage de la ville qui change, c’est le son d’une marche pendant une canicule, c’est la mer en Gaspésie, c’est la pluie quelque part dans Lanaudière, c’est le son d’une amitié ancienne, c’est l’introspection qui se fait dans l’impossibilité d’être ensemble dans le même espace, c’est une seconde du mix tape d’un magasine britpop des années 90s, c’est le son de gens qui vivent une pandémie, c’est des extraits de compositions faites au moment où mon père était sur le point de mourir, c’est des notes de musique qu’on a placées loin loin, c’est l’autre bord de ce qui se passe « dans la vraie vie », c’est ben des souvenirs qui remontent à la surface, c’est des lieux et des lignes de temps qui s’entremêlent, c’est la construction qui finit pas, c’est le son du pandrum que mon rhum m’a acheté à notre fête, c’est quelque chose qu’on écoute mais qu’on ne se souvient pas d’avoir créé, c’est le son un peu partout dans la ville, c’est la résonance d’un piano sûrement centenaire donné par un ami et dont on se demande d’où il vient, c'est le son des souvenirs qui s'effacent, c’est l'accord de synth que Simon qui vient d'un autre projet mais qui marche bien juste là, c’est un son trouvé sur Freesound qui était dans un spectacle de théâtre à un moment donné, c'est une musique qui tourne une page sur une année drainante, c'est l'envie d'un futur qui a du sens, c’est une brèche de lumière dans un moment sombre.

Enregistré entre l'été et l'hiver 2020.

Nous remercions le Conseil des arts du Canada de son soutien.